Les Vénètes d'Armorique

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(extrait d'une brochure "Locmariaquer", éditée par l'Association des Amis de la Chapelle Saint-Michel)

Les sources de renseignements sont rares sur les peuples des Vénète. Aussi, même s'agissant des Vénètes d'Armorique, beaucoup d'hypothèses fleurissent-elles...

1 - Généralités

On situe l'arrivée des Vénètes dans le sud de l'Armorique entre - 1 000 et - 500, donc, bien après les constructions des monuments mégalithiques. Cette peuplade de Celtes a-t-elle atteint l'Atlantique après avoir essaimé sur la Vistule, puis sur la rive nord de l'Adriatique (Venise) ?

La Vénétie armoricaine était, sans doute, limitée par les cours de l'Ellé, de l'Oust et de la Vilaine.

2 - Avant la conquête romaine

La découverte de vestiges démontre que, non seulement les zones côtières étaient habitées, mais aussi l'intérieur du territoire :

  • Sites fortifiés, notamment sur les promontoires maritimes. Par exemple, à la pointe du Blair à Baden ou encore à la pointe ouest de l'île de Groix.
  • Sépultures, datant de l'âge de fer. Sépultures circulaires (-450) comme celle du rocher en Plougoumelen, certains tumulus isolés comme à Saint-Pierre Quiberon, urnes cinéraires.
  • Chambres souterraines, destinées à des vivants (29 sites découverts dans le Morbihan). Sans doute les Vénètes de l'Armorique pré-romaine vivaient-ils de l'agriculture et de l'élevage. Mais on a trouvé aussi des preuves d'une industrie.

César témoigne que les navires vénètes comportent "des chevilles de fer et des ancres retenues par des chaînes de fer".

Dans les sépultures, des objets de parure ont été découverts ; la céramique existait également : certaines poteries en terre présentent des motifs identiques en Armorique et en Bretagne insulaire.

La fabrication des augets (récipients en terre, très fragiles) est attestée par la découverte de dépôts et de fours exclusivement en bordure de mer (trois à Port Navalo) ; ce qui permet de supposer la fabrication et la vente de sel.

Enfin, César relate la domination maritime des Vénètes et leur commerce avec la Bretagne insulaire.

On admet généralement qu'ils pratiquaient le commerce de l'étain, grâce à leur flotte adaptée au gros temps. Les ports Vénètes n'ont pu être localisés.

Les Vénètes avaient-ils une capitale ? Sur ce point, César reste muet. C'est le géographe égyptien Ptolémée qui, au IIe siècle après J.-C., cite Dariorigum comme capitale des Vénètes. Dariorigum (ou Darioritum ou Dartorigum) était-elle située à Vannes ou à Locmariaquer ? Le débat reste ouvert. La table de Peutinger (IIe - IIIe siècle) fait état d'une route de Durétie (Rieux) à Vorganum (Carhaix) ; de par sa position, il s'agirait plutôt de Vannes. Il faut souligner que très peu de pièces de monnaie vénètes ont été retrouvées, ce qui est singulier pour un peuple réputé commerçant.

3 - La conquête romaine

Dans les commentaires de la Guerre des Gaules, César a raconté sa victoire sur les Vénètes avec force détails, sans doute pour rehausser son prestige ; il a insisté sur la puissance de la flotte vénète.

L'année - 57, César soumet toute la Gaule du Nord. C'est P. Crassus qui conquiert la péninsule armoricaine et prend des otages vénètes. Des officiers romains, chargés de réquisitionner du blé, sont retenus prisonniers par les Vénètes. C'était le "casus belli" idéal, désiré des deux côtés. La rébellion gagne toute l'Armorique : les Vénètes fortifient leurs oppidums, équipent leurs navires, s'allient aux Osismes et aux Nammètes. César ordonne la construction d'une flotte de galères sur la Loire, et d'une autre chez ses alliés Pictons et Senones. D'autre part, il fit venir des pilotes et des rameurs depuis "la Province", sans recourir à l'escadre de Méditerranée.

Au printemps de - 56, César commence sa campagne contre les Vénètes. Commandant lui-même ses troupes terrestres, il confie le commandement de sa flotte à D. Brutus.

César relate la difficulté des opérations terrestres car, sur la côte très découpée et soumise aux marées, les Vénètes fuient d'oppidum en oppidum. César se serait rendu sur la presqu'île de Rhuys jusqu'à Port-Navalo ; il s'agit là d'une hypothèse, car César ne précise pas le lieu de la bataille navale.

La rencontre des flottes romaines et vénètes eut lieu sous les yeux de César : les navires vénètes se trouvaient à l'entrée du Golfe du Morbihan (ou à l'intérieur du Golfe). La flotte romaine se fit attendre, soit que Brutus ait été retardé par le mauvais temps, soit qu'il dut attendre les renforts de bateaux venus d'ailleurs.

Les lourds vaisseaux vénètes, construits en chêne, dotés d'une coque très élevée, d'une robustesse incomparable, équipés de voiles de cuir, affrontèrent la flotte romaine composée de galères légères mues par des rameurs.

L'avantage revint d'abord aux Vénètes, puis le vent cessa, immobilisant leurs navires ; les Romains coupèrent alors cordages et agrès à l'aide faux tranchantes fixées à de longues perches, et passèrent à l'abordage. Les Vénètes capitulèrent ; leur défaite marqua la liquidation de la guerre.

César châtia cruellement les vaincus, en faisant massacrer les sénateurs vénètes et vendre les survivants comme esclaves.

La déroute des Vénètes se trouve confirmée par le fait qu'en - 52, lorsque Vercingétorix demanda de l'aide aux divers peuples gaulois, Redones, Coriosolites, Osismes, Unelles envoyèrent des contingents à Alésia, mais point de Vénètes.

4 - Les Vénètes dans l'Empire romain

Comme partout, les Romains établirent des voies de communication ; Vannes devint une agglomération gallo-romaine importante, 7 voies romaines y convergeaient.

Des vestiges de villes gallo-romaines ont été trouvés à Carnac, Arradon, Nostang, Melrand, etc...

On peut penser que Locmariaquer fut aussi une ville importante à l'époque romaine, puisqu'on y a retrouvé des traces :

  • d'un théâtre, à l'emplacement du premier cimetière ;
  • d'un sanctuaire, sous l'actuelle Chapelle Saint-Michel ;
  • de thermes entre l'église et la ruelle des Vénètes ;
  • d'un aqueduc qui enjambe la rivière d'Auray à Rosnarho et qui aurait servi à alimenter Locmariaquer en eau ;
  • d'habitations à carrelage soigné.

L'histoire du peuple vénète va ensuite se confondre avec celle de l'ensemble des peuples gaulois.

A partir de 275, Saxons et Germains envahissent la Gaule, la Vénétie s'organise : une garnison de Mauri Beneti (= Vénéti) est cantonnée à Vannes.

Au début du Ve siècle, de nouvelles invasions barbares submergent le pays : les Armoricains chassent les représentants de Rome et se confédèrent.

Après 435, les Armoricains se défendent contre les Francs, jusqu'à l'accord qui livre à Clovis tous les territoires entre Seine et Loire.

A partie de 440, l'Armorique connut l'afflux des Bretons insulaires : ceux qui s'établirent sur le territoire des Vénètes étaient sans doute des Gallois.

On remarque que, dans le Vannetais, les noms de paroisse en "Plou", de fondation bretonne, sont moins nombreux que les noms en "Ac", hérités des anciens fundi gallo-romains.

Ce bref résumé de l'histoire des Vénètes a surtout été réalisé à partir du travail de Pierre Merlat intitulé : "Les Vénètes d'Armorique".