Aperçu de l'ostréiculture à Locmariaquer

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(extrait d'une brochure "Locmariaquer", éditée par l'Association des Amis de la Chapelle Saint-Michel)

Si les Romains de l'Antiquité connaissaient déjà les gisements naturels d'huîtres plates (Ostrea Edulis), il a fallu attendre la fin du XIXe siècle pour voir apparaître l'ostréiculture.

Locmariaquer fut alors considérée comme le berceau de l'huître plate.

Les premières concessions, en rivière d'Auray, furent délivrées en 1882. En 1889, la Société Ostréicole du Bassin d'Auray, la S.O.B.A., participe à l'Exposition Universelle de Paris.

Trois générations s'employèrent à construire les parcs à huîtres plates sur les rivages de Locmariaquer : il fallait enlever la vase, la remplacer par du sable, délimiter les emplacements, etc...

Le travail consistait à recueillir le naissain (larves d'huîtres) sur des collecteurs (tuiles, ardoises chaulées), à le décoller (détroquage) et à le semer dans les parcs. L'élevage durait au moins trois ans pendant lesquels il fallait protéger les huîtres contre les crabes, étoiles de mer, algues, tempêtes.

Après 1927, Locmariaquer se spécialise surtout dans la reproduction et le demi-élevage ; Marennes, mais aussi les Pays-Bas et la Grande-Bretagne sont clients.

L'industrie ostréicole est alors prospère : 350 à 400 personnes travaillent "aux parcs".

Mais, en 1973-1974, l'huître plate du Golfe du Morbihan se trouve décimée, voire anéantie par un parasite : Martelia refrigerens. Par contre, Carnac et la baie de Quiberon sont épargnées. C'est alors qu'est introduite la culture de l'huître creuse d'origine japonaise : la Crassostrea gigas. Mais, vers 1979, un nouveau parasite apparaît : Bonamia ostrae.

 


 

Malgré ces avatars, l'élevage des huîtres se poursuit. En ce début de XXIe siècle, l'ostréiculteur locmariaquérois pratique plusieurs méthodes, associées ou non :

  1. Récolte du naissain d'huître plate, essentiellement en baie de Quiberon, par captage,
    - soit sur des bouquets de tuiles chaulées, selon la technique ancienne,
    - soit sur des coquilles de moules, que l'on peut étendre sur le sol telles quelles, ou placer en boudins dans des filets de plastique que l'on suspend sur des armatures métalliques ; c'est une technique apparue vers 1980, Ce captage s'effectue en eau profonde (3-6 m).
  2. Élevage de l'huître plate, toujours en baie de Quiberon, sur des parcs qui ne découvrent jamais. 
    Si l'on utilise les tuiles chaulées, celles-ci sont détroquées, c'est-à-dire grattées au couteau pour recueillir le naissain qui est ensuite ensemencé sur les parcs.
    Si l'on utilise les coquilles de moules, point n'est besoin de détroquage, car les coquilles se désagrègent d'elles-mêmes après épandage sur les parcs (ces coquilles de moule, en provenance de Hollande, ont en effet été cuites à la vapeur pour en extraire le mollusque ; elles acquièrent ainsi la propriété de se désagréger rapidement).
    Le parasite Bonamia, qui sévit toujours, se montre surtout virulent sur la plate de 3 ans. D'où la nécessité de récolter des plates de 2 ans et donc de choisir des parcs de "grande pousse" où l'huître se développe rapidement.
    La récolte se fait par dragage, puisque ces parcs ne viennent jamais à sec.
  3. Élevage de la japonaise, soit en baie de Quiberon, soit dans le Golfe. Mais le développement des larves ne peut se faire dans de bonnes conditions qu'au sud de la Loire, où l'eau de mer reste à 20-23 degrés.
    Donc, obligation d'acheter le naissain chez les producteurs de la Charente et du bassin d'Arcachon. Ce naissain arrive à l'âge de 9 mois en Bretagne, soit en sacs de 20 kg (1 000 naissains au kg), soit encore collé sur des collecteurs qui sont des tubes en plastique de 1,20 m de long et de 3 cm de diamètre ; dans ce dernier cas, il faudra "détroquer". Ensuite, ou bien on sème directement sur le sol, ou bien on place dans des poches de plastique disposées sur des tables métalliques.
    La récolte s'opère à partir de 2 ans.

 


 

Il n'est pas question d'énumérer ici tous les travaux liés à l'élevage des huîtres, ni de détailler les soins à y apporter. Malgré les essais de mécanisation, la main d'œuvre reste importante, aussi bien dans la culture elle-même que pour les opérations précédent la commercialisation (affinage, calibrage, etc...).

Actuellement, une quarantaine d'exploitations ostréicoles existent à Locmariaquer, dont cinq ou six plus importantes. Elles occupent environ cinquante personnes à temps plein, auxquelles il y a lieu d'ajouter une cinquantaine d'ouvriers saisonniers (d'octobre à mai).

Chaque exploitant s'occupe lui-même de la vente de sa production soit à des grossistes, soit à des détaillants, soit directement à des consommateurs.

 

En savoir plus sur les huîtres du Morbihan.

(extraits de "L'huître du Morbihan" de Pierre Dalido, Librairie Marcel Rivière et Cie, Paris - 1948)