Le Tumulus d'Er Grah

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Dans son état restauré actuel, le monument se présente comme un immense trapèze de 140 m de long, 16 m de large à l'extrémité nord et 26 m à l'extrémité sud, allongé vers le N-NW et axé sur le Grand-Menhir.
La hauteur reste modeste (moins de 2 m) ; la partie nord apparaît comme un cairn (nom donné à la masse monumentale recouvrant une tombe lorsqu'elle est essentiellement constituée de pierres) entourant la grande dalle d'orthogneiss (roches résultant du métamorphisme d’un granite préexistant. Grenues, à grain fort et plus ou moins feuilletées, elles donnent de très beaux blocs d’affleurement qui ont été très recherchés par les bâtisseurs de mégalithes, notamment à Locmariaquer) qui recouvre une tombe inaccessible depuis l'extérieur tandis que le sud est terreux entre de simples bordures pierreuses.
Enfin, tout un système de parements (pierres appareillées pour "parer" la surface d'une structure de pierres, un cairn par exemple (un mur véritable comprend deux parements et un blocage intermédiaire)) structure les massifs de pierres.

Un monument géant réalisé en plusieurs phases

Les fouilles ont montré que le tumulus d'Er-Grah était l'aboutissement d'une histoire architecturale complexe.

  • Une série de fosses et de foyers, postérieure aux deux structures les plus anciennes du vieux-sol, semble par contre liée à des objets du Néolithique moyen ("coupes à socle", vases à décor cannelé dans le style régional dit "de Castellic", perles en variscite (minéral vert formant des concrétions dans certaines roches métamorphiques. Plusieurs gisements en sont connus, dont certains portent des traces d'exploitation préhistorique. Cette matière, que l'on a souvent identifiée à la Callaïs de l'Antiquité, a alimenté un trafic de parures à l'échelle de l'Europe au Néolithique.).
    De petits massifs pierreux apparemment dépourvus de toute structure interne se superposent directement à cette fréquentation que plusieurs dates radiocarbone permettent de situer dans le dernier quart du 5e millénaire avant J.-C.
  • Un vaste caveau trapézoïdal (3,9 m de long x 2,6 à 1,8 m de large) a été construit juste au nord de ces premiers massifs, au cœur d'un "cairn primaire" de 43m de long pour 11 à 14 m de large, lui-même structuré par de nombreux parements.
    En un premier temps, ce caveau est resté accessible par son côté est, avant que l'achèvement du cairn n'en condamne l'entrée.
  • Deux "extensions" à noyau de limon blanchâtre (matériau extrait de quelque zone marécageuse environnante) sont ensuite venus donner au monument son ampleur définitive.
    L'extension nord, tronquée par une carrière, n'a jamais dû être très importante (une vingtaine de mètres de long ?). Conservée en hauteur, elle montre que le limon était recouvert d'une chape de pierres complétant les massifs latéraux ; l'aspect extérieur devait donc mimer celui du cairn primaire.
    L'extension sud dépasse 70 m de long, mais elle est très arasée. La fouille a montré que la masse du limon y était structurée par un réseau de palissades en bois organisé de part et d'autre d'une "ligne axiale".
  • Pour finir, une sorte de "trottoir" bas semble avoir bordé les deux côtés du monument.

Des rapports précis avec le Grand-Menhir

Cette extrémité sud d'Er-Grah semble être restée inachevée. Curieusement oblique par rapport à l'axe général du monument, elle est parallèle à l'alignement lié au Grand-Menhir comme si elle tenait compte de sa présence.
Jadis, Z. Le Rouzic voyait dans le Grand-Menhir un "menhir indicateur" dressé à l'extrémité d'Er-Grah. Les fouilles n'ont pas confirmé ces vues, montrant que la base du monolithe était prise dans une structure indépendante et stratigraphiquement antérieure au tumulus.

Par contre, la symétrie rigoureuse d'Er-Grah par rapport à un axe reliant la base du menhir au caveau indique que le monolithe géant était encore hautement significatif et sans doute toujours dressé au moment de la construction du tumulus (qui a dû se concentrer sur les deux derniers siècles du 5e millénaire).